Pourquoi faire une thérapie ?

 
 


L’enfant vient monde avec une nature particulière, des dons, un caractère en partie inné. Au cour de l’existence se précisent des aspirations spécifiques et toutes sortes de désirs se déploient à mesure qu’il grandit. D’un autre côté, le monde -qui commence par la figure maternelle et la famille, et continue avec l’école, la société, la culture, les mentalités collectives dans lesquelles il se trouve inséré- ce monde donc, crée une pression constante sur l’être profond et la personnalité naissante. Il doit sans cesse s’adapter, il reçoit des conditionnements multiples dès le plus jeune âge. Ces conditionnements, même non traumatisants, touchent sa façon de penser, de sentir, d’agir, et  sont susceptibles de gommer, peu à peu, sa dimension humaine profonde et de freiner son individuation, c’est à dire sa capacité à intégrer qui il est vraiment dans une personnalité harmonieuse, clairement différenciée et en harmonie avec les autres : car  conjuguer harmonieusement qui l’on est vraiment avec l’adaptation au monde qui nous entoure est  une entreprise très difficile !


   D’autre part, les parents, aussi bien intentionnés soient-ils, aiment de façon imparfaite, parce que leur amour est conditionnel : ils aiment l’enfant quand il réussit, quand il est drôle, séduisant, quand il est du sexe voulu etc., bref, quand son comportement, sa personnalité, répondent aux attentes parentales et familiales. Tous les parents et toute la société, ont des désirs, des préjugés, des rancunes, des culpabilités, des revanches à prendre, des attentes inconscientes et aussi leur caractère... Tout cela se projette sur l’enfant. Inévitablement, il y aura des frictions, des contradictions, des luttes de pouvoir,  et  vu le nombre impressionnant de conditionnements que reçoit l’enfant, certains iront inévitablement contre sa nature profonde; de même, certains évènements iront à l’encontre de désirs importants et souvent très légitimes ! Si tout cela se vit dans une conscience suffisante, les problèmes se posent et sont résolus,  et les crises, les épreuves sont alors des occasions de croissance supplémentaire : plus de lucidité, plus d’expérience, plus d’humanité. C’est assez rare, mais cela produit des êtres qui restent équilibrés, intègres, le coeur grand ouvert, même avec les années.


    Mais bien souvent, le milieu dans lequel grandit l’enfant n’est pas suffisamment conscient, c’est à dire ne mesure pas les enjeux profonds de la situation en cours, ne se rend pas compte de ce qui arrive à l’enfant, ou n’a pas des capacités de réponse suffisantes pour l’aider  à faire face aux difficultés qu’il rencontre. De plus, chaque être humain vient au monde avec certaines carences, limites, points faibles innés, qui potentialisent les chocs, les déceptions que la vie est susceptible de donner. Si tel évènement négatif vient justement taper sur un point faible, il a évidemment plus d’impact que s’il trouve un point fort, et si en plus l’enfant (ou l’adulte) vit une difficulté qu’il n’a pas la capacité de résoudre dans l’isolement moral (incompréhension, mauvaise communication) alors, il y a traumatisme, donc blocage de notre énergie de vie dans des émotions négatives récurrentes, fixation dans des schémas répétitifs etc.

    Finalement, nous avons tous reçu des blessures dans nos coeurs, nous avons été atteints dans l’estime que nous nous portons, le sens que nous donnons à notre vie, les valeurs qui nous sont chères. Nous pouvons aussi être angoissés par des questions existentielles qui restent sans réponse. Tout cela, plus ou moins, bien entendu.

Cela, c’est la condition humaine ordinaire.


    Dans certains cas, la pression, les court-circuits entre aspirations profondes et tournure que prend l’existence deviennent trop importants, le niveau de stress et de souffrance devient trop lourd : il faut alors se faire aider, et c’est évidemment une excellente raison pour entreprendre un travail thérapeutique, qui va remettre de l’ordre, de la vérité, de la paix... Aider la personne à redevenir elle-même et à construire une psyché solide et harmonieuse.


     Dans d’autres cas, la pression n’est pas aussi grande, toutefois, même là, il est fréquent que des pans entiers de la personnalité, des aspirations centrales, soient quand même refoulés, et cela  crée des secteurs où nous sommes incompétents ou aveugles, ou, si vous préférez, inconscients :  ici encore, l’individuation est insuffisante. Voilà que ce qui est arrivé à nos parents nous arrive à notre tour. On ne s’en rend pas vraiment compte (l’inconscient mérite bien son nom), pas plus que les générations qui nous précèdent ne s’en sont rendu compte, mais, on sent bien, dans le fond, qu’on n’est pas vraiment accompli, qu’on n’est pas vraiment satisfait, même si on a pourtant parfois une bonne petite vie... Au fil des ans, le bonheur fiche le camp, le sentiment d’incomplétude augmente et nos enfants devront reprendre sur leurs épaules le poids de nos traumas non résolus et de notre déficit d’individuation comme nous avons dû nous-même prendre sur nous les conséquences du manque d’individuation de la génération précédente...


    Aussi, par hygiène psychique autant que par amour pour les êtres qui nous entourent et nous sont chers, nous devrions tous travailler sur nous-même. A cet égard, on peut distinguer la thérapie, qui s’adresse à une personne qui va mal, et ce que j’appelle un «travail d’évolution» qui s’adresse à une personne dont la vie est considérée comme normale, mais qui a compris ce que je viens d’expliquer et veut aller plus loin dans son épanouissement, dans le développement de ses potentialités humaine et de sa conscience. L’être humain est avant tout un être de conscience, le déploiement de celle-ci n’est pas acquis d’avance, loin de là, et le travail d’évolution non accompli se paie en souffrances pour nous et pour notre entourage, plus ou moins, naturellement.


Concluons que plus on veut aller loin dans l’existence, plus il faut aller loin dans son individuation; plus il faut savoir conjuguer harmonieusement sa nature profonde avec ceux qui nous entourent, dans un respect mutuel et avec toute la force d’âme nécessaire...

En fait, l’accomplissement complet de l’être humain, qui permet la pleine connaissance de la vie et mène au véritable bonheur, demande purement et simplement d’aller tout au bout de soi-même. A défaut d’être toujours facile, notre existence devient alors passionnante...





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Pour approfondir ces thèmes,

Lire :


Du Big-bang à l’être humain,


II partie 


L’évolution individuelle


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Du Big-Bang à l’Etre Humain




Zénitude Square


Le goût de la paix...